Insertion biologique

C’est un mardi au petit matin, je sors de l'autoroute à Avignon sud et roule en direction de la cité des Papes par la N7. La marque au losange se trouve sur ma droite, au rond-point je prends l'avenue de l’amandier, puis à droite l'avenue de la croix rouge ; me voilà arrivé à l’association Semailles. Olivier, le nouveau directeur, me reçoit en compagnie de Léa une assistante technique. Nous faisons le tour du premier site. Ici, la culture sous serres est majoritairement représentée, le bio est de rigueur, donc pas de pesticide. Des ruches se trouvent au fond du terrain car les abeilles jouent un rôle primordial dans le maraîchage. En effet, sans insectes hyménoptères, pas de fruits, pas de légumes, c’est aussi simple que ça. Le second site d’exploitation se trouve à cinq minutes en voiture, derrière le canal du « puy », dans la ceinture verte d’Avignon. La production de l’association s’étend sur 10 hectares, des terres louées à la mairie d’Avignon.

Semailles photo OEILPACA
Photo Rv Dols

Les jardiniers commencent à arriver, la plupart sont à vélo. À 6h45, les encadrants réunissent tout le monde devant un tableau situé dans la cour principale. Les chefs d’équipe sont tous passés par des contrats d’insertion avant de se voir confier des responsabilités et un CDI. Trois hommes et deux femmes, c’est presque la parité. Tous les jours, chaque jardinier ou jardinière est affecté à un nouveau poste, le but est d’éviter le côté répétitif des actions qui pourrait devenir lassant.

J’accompagne un premier groupe qui va cueillir des courgettes. Pendant la pose, nous entamons une discussion. Un jardinier m’explique qu’il vient du Tchad ; dans son pays, les conflits armés et l’insécurité permanente n’étaient plus tenables. Il me relate son périple de plusieurs mois à travers la Libye jusqu’à la Méditerranée qu'il traversa sur un bateau gonflable, entassé avec d’autres migrants. Puis sa marche de l’Italie jusqu'au sud de la France où il fut recueilli par une association. Cela fait presque deux ans qu’il travaille à Semailles et estime avoir eu de la chance de croiser des gens pourvus d’une bienveillance dont il ne soupçonnait même pas l’existence.

Butinant d’un groupe à un autre, je rencontre des personnes ouvertes, le sourire aux lèvres, la joie de vivre est palpable et nous échangeons des banalités, des rires. Une jardinière me raconte que le contact avec la nature lui redonne l’envie, elle n’est plus isolée dans son appartement, elle voit du monde, elle se sent utile. Une autre jardinière trouve que c’est dur de désherber à la main, mais elle précise que c’est incontournable pour obtenir de beaux légumes bio et puis elle a connu les labeurs des ménages pour une rémunération ridicule, alors, ici elle respire.

Avignon Association Semailles OEILPACA
Photo Rv Dols

Le dernier jour, je fais la connaissance d’un jardinier d'une quarantaine d'années, ses yeux pétillent, la gaieté l’anime, son français est hésitant et je ne parle pas l’italien, mais la convivialité est de mise. Je crois comprendre qu’il n’y a pas très longtemps qu’il est en France, il va au cours de français que propose l’association une fois par semaine, d’après lui, ici « va bene ».

La plupart des jardiniers et des jardinières me confient qu’ils ne consommaient pas forcément d’aliments bio avant de travailler à Semailles : « quand tu n’as pas de tune, tu ne penses pas trop à manger du bio ». Après quelques semaines passées dans l’association, ils disent faire plus attention à leur mode de consommation.

La boutique des Jardins 2412 avenue de la Croix Rouge Avignon

WEB : www.site.semailles.asso.fr

TEXTE et PHOTO Rv Dols : photojournaliste@oeilpaca.fr