Charli Aron

Ses parents n’étaient pas artistes, mais ils ont toujours contribué à son évolution artistique. C’est à l’âge de trois ans qu’elle prend en main ses premiers pinceaux et étale des couleurs sur des toiles qui recouvrent les murs de la demeure familiale.

Une vie internationale

Charli est Anglo-Belge, née en Allemagne pas très loin de Berlin où elle passe une partie de son enfance. Son père était diplomate, sa profession faisait voyager toute la famille. Après l’Allemagne, en compagnie de ses parents, de ses deux frères et de sa sœur, Charli se retrouve pour deux ans à Londres avant de repartir pour Singapour. Là, elle fréquente l’école internationale où se croise une soixantaine de nationalités. Dans sa seizième année, Charli suit sa famille aux États-Unis.

Charli Aron Artiste photo OEILPACA
Charli Aron Photo Rv Dols

À la fin de son cursus universitaire, elle s’engage avec les Nations Unies pour rejoindre les camps de réfugiés en Palestine où elle reste 18 mois. L’âpreté de la vie la bouscule, elle décide de rentrer à Londres et de se consacrer exclusivement à l’art pendant une année. Elle a 25 ans, malgré son âge elle s’inscrit à l’université. Charli est boulimique, elle fréquente assidûment tous les cours auxquels elle peut participer. Elle se familiarise aux différentes techniques, à la déconstruction, au collage, à la nature morte, à la solarisation, à la lithographie, à la céramique, tout y passe. Une recherche intensive et personnelle en découle.

Bruxelles

Charli devient maman à deux reprises. Elle doit élever seule ses deux fils. À Bruxelles, elle incorpore le parlement Européen où elle œuvre à mi-temps au service communication des partis de gauche. Cela lui permet de poursuivre ses recherches artistiques. Au moment où l’Angleterre décide de sortir de l’Europe, Charli, qui vit depuis plus de dix ans à Bruxelles, demande la nationalité belge. L’expérience au parlement Européen va durer quinze ans, le temps que ses enfants atteignent la majorité et aillent suivre leur propre cursus universitaire à Londres.

Depuis plusieurs années l’envie d’explorer l’Asie ne la quittait pas ; Charli s’envole pour le Vietnam où elle vit pendant un an. Au début du COVID19, elle prend conscience qu’elle est trop loin de sa famille et ne pourrait pas être à leurs côtés en cas de besoin. Elle rallie la Thaïlande où pendant deux mois elle attend de pouvoir revenir en Europe.

Avignon

Quand elle parvient à rejoindre Londres, elle part en voiture pour la France avec son fils convalescent et sa belle-fille. Arrivés en Avignon, la lumière les éblouit, ils sont happés par la circulation, l’architecture des remparts et la beauté de l’instant. Elle engage le véhicule dans une interminable ronde entre le pont de l’Europe et le pont d’Avignon. Embarquée dans le trafic, Charli fait trois fois le tour du carrefour avant de pouvoir s'en extirper. Elle prend la décision de s’installer en Avignon intra-muros. Depuis deux ans elle a posé sa vie dans la cité des papes.

L'artiste peintre Charli Aron
Charli Aron Photo Rv Dols

La création

Adepte du minimalisme et de la récupération, pendant des années Charli expérimente, elle insère dans ses créations toutes sortes d’éléments, pour mieux dénoncer la société de consommation qui pour elle est une aberration. Ses supports sont divers, du bois en passant par la toile et même la soie.

La géométrie prend une place prépondérante dans ses constructions. L’Asie, le Moyen-Orient, ses voyages en Turquie, au Maroc, mêlés de couleurs et d’odeurs, ont une influence dans ses compositions. Depuis qu’elle peint, elle n’utilise jamais le noir et le blanc à l’état pur. La lumière et les couleurs de sa palette semblent évoluer selon les périodes de sa propre existence, se confondant avec les lieux dans lequel elle vit au moment de la réalisation. Depuis qu’elle réside en Avignon, ses couleurs sont plus abrasives afin d'exprimer l’intensité lumineuse.

Elle aime l’odeur de la peinture à l’huile, ses toiles sont recouvertes d’images stylisées, d’oiseaux qui sont là et que l’on n’aperçoit pas. Pourtant en 2021, des éléments sont apparus bien distinctement dans ses créations, des oiseaux justement. C’est en réaction au confinement. Charli avait besoin de sortir, de sauter, d’exploser, d’être libre, d’être une femme sauvage, d’être un ange. L’oiseau symbolise tout cela.

Même si les êtres volants ont disparu de ses dernières toiles, Charli affirme qu’ils ne sont jamais très loin.

www.charliaron.com

Texte et photographie Rv Dols : photojournaliste@oeilpaca.fr