Musée Intercommunal d’Art Ouvert Contemporain et Urbain

MI.A.O.U est une jeune association créée il y a 4 ans par Matthéa et Bruno Jacomet. Chaque année au début du mois de mai, ils organisent le festival du même nom qui se prolonge jusqu’au mois de septembre. Il n’y a pas de thème mais un seul mot d’ordre : la COULEUR. Le format est particulier. Dix artistes (femme ou homme) se succèdent au rythme de deux par mois pour réaliser chacun une fresque sur les murs de la ville dédiés au festival.

Bruno Jacomet
Bruno Jacomet Photo Rv Dols

La Famille JACOMET

Bruno fait partie d’une illustre famille d’imprimeurs d’Estampes d’art. Son grand-père était Daniel Jacomet (1894 - 1966 Paris). Daniel Jacomet a élaboré le « Procédé Daniel Jacomet », où les techniques du Phototypie et le Coloris au pochoir sont utilisés. L’extrême qualité des reproductions de manuscrits, dessins, aquarelles, gouaches fit la gloire de l’imprimerie familiale. Les musées, galeries et éditeurs ont eu recours à ce procédé. Les artistes de l’époque sollicitaient l’imprimerie : BRAQUE, CHAGAL, DELAUNAY, DUBUFFET, DUFFY, LEGER, MATISSE, MIRO, PICASSO...

Les deux fils de Daniel JACOMET, André et Pierre reprennent la direction de l’imprimerie en 1960. Jusqu’à la fin des années quatre-vingt, l’entreprise a œuvré pour de prestigieux musées (BALZAC, dessin du LOUVRE, TOULOUSE-LAUTREC, RODIN, Victor HUGO…) des éditeurs (CALMAN-LEVY, Jacques DAMASE, Gustavo GILI…) et des galeries (Le Bateau-Lavoir, le Pont des Arts, Pierre Matisse…). Le petit fils Bruno JACOMET s’est installé au début des années 90 à Châteauneuf-de-Gadagne (Vaucluse). Bruno a fini sa carrière d’imprimeur d’art et d’édition dans l’atelier DJP à Sète.

Un peu de Bessèges

À la frontière de l’Ardèche et de la Lozère cette ville des Cévennes a une histoire en lien direct avec les industries houillères et métallurgiques (Houille : combustible minéral noir, provenant de végétaux préhistoriques et renfermant de 75 % à 93 % de carbone pur). Les mineurs alimentaient directement les hauts-fourneaux de charbon par une galerie. À la fin des années 1890, la commune était la troisième ville du Gard derrière Nîmes et Ales. Un peu plus de 11 000 habitants vivaient à Bessèges. Depuis les années 80, les mines et les usines de métallurgie sont fermées. De nos jours, environ 2800 personnes vivent sur la commune.

Naissance d’un festival

Depuis quatre ans, Matthéa et Bruno JACOMET se sont installés à Bessèges. À leur arrivée, ils sont interpelés par le gris des murs. Ils soumettent le projet du festival à la mairie. Le MI.A.O.U est directement inspiré du MIAM (Musée international des arts modestes) fondé à Sète en 2000 par Hervé Di Rosa et Bernard Belluc. Le « chant » du chat retient l’attention de la municipalité qui accepte le principe. Des murs et une nacelle sont mis à disposition de l’association, le MI.A.O.U. festival était né. L’Avignonnais Pablito ZAGO fut le premier artiste à recouvrir un mur, place de la révolution à Bessèges. Pour le coup, c’en était bien une, mais une révolution artistique, une explosion de couleurs envahissait l’espace gris et morose de cette ancienne ville minière.

PABLITO ZAGO
PABLITO ZAGO Photo Rv Dols

Les intérêts du festival MI.A.O.U sont multiples. Ils revitalisent le bourg et baignent Bessèges dans une attraction touristique évidente. L’art urbain étale ses aptitudes aux yeux de tous en toute légalité, une harmonie parfaite qui se déploie sur un parcours artistique à ciel ouvert. La poésie caresse les murs d’un patrimoine industriel minier qui tombait dans l’obsolescence. La DRAC Occitanie apporte sa caution et son soutien au projet. Les ouvertures sont à destination des résidents, notamment des écoles avec des ateliers pédagogiques, mais aussi des EHPAD autour d’activités alliant la peinture et le maquillage. Les artistes se déploient vers les habitants, les rencontres sont synonymes d’échanges.

La notoriété du MI.A.O.U festival est fulgurante, en à peine quatre éditions elle dépasse nos frontières. Les artistes se sont succédés dans un rythme soutenu, GRUMO et RUSS entre autres, ont déposé leurs blazes sous l’une des trente fresques qui ornent les murs de Bessèges. Quinze nouveaux murs seront mis à disposition des artistes pour la nouvelle édition qui débutera en mai 2022. En accord avec les artistes, les fresques seront recouvertes tous les cinq ans. L’idée est de renouveler les œuvres et de continuer à susciter l’engouement.

L’ambition du MI.A.O.U, le plus grand musée des Cévennes à ciel ouvert, est de fédérer les villes et villages voisins pour étendre l’art urbain vers une ouverture citoyenne.

Par Rv Dols : photojournaliste@oeilpaca.fr

www.miaou.fr