Stéphanie Titus

Ses parents se sont rencontrés du côté de Verdun. Sa mère est originaire de la Meurthe-et-Moselle et son père est Tamoul, de Pondichéry en Inde. À 11 ans, Stéphanie découvre le Soudan où son père vient d’être muté, la famille y restera deux ans. En 1984, le début de la guerre civile précipite leur retour à Marseille.

Itinéraire professionnel

Stéphanie a suivi un cursus de relation publique et de communication. À 18 ans, elle découvre le monde du travail en Principauté. Elle est salariée de la Société des bains de mer de Monaco pendant deux années. En 1990, elle participe à l’ouverture de Disneyland Hôtel Paris (Seine-et-Marne), vingt-quatre mois passent, le soleil lui manque, elle retourne à Marseille où elle est responsable d’une chaine hôtelière. Mais la jeune femme veut parcourir la vie, alors elle s’envole pour Los Angeles où elle rejoint des amis. Sur Sunset Boulevard, elle est hôtesse au célèbre « House of Blues ». Quelques mois plus tard, c'est en Afrique du Sud qu'elle poursuit son expérience des relations publiques dans une société de production de cinéma. Au bout de dix-huit mois, elle revient à son port d’attache, Marseille, avant de repartir pour la Suède où pendant 4 ans elle est directrice de la communication chez Erickson mobile. Stéphanie épouse un Suédois et devient maman, son mari se fait muter à Sofia Antipolis. À Vallauris, elle rencontre un voisin sculpteur qui lui met les mains dans la terre.

Stéphanie Titus artiste dans son atelier
Stéphanie Titus Photo Rv Dols

L’Atelier de sculpture

À l’instant où elle découvre l’univers d'un atelier de sculpture, la vie de Stéphanie bascule. L'ancienne carriériste acharnée est subjuguée par la matière qu’elle façonne et qui la transcende. À l’époque, elle est enceinte d’un mois. Stéphanie explique à son mari qu’elle veut apprendre le métier et devenir céramiste. Il ne la prend pas au sérieux et considère qu’elle a les hormones en vrac.

Stéphanie est une femme déterminée qui va au bout de ses idées ; elle s’inscrit aux Beaux-Arts. À la fin du cursus, elle fait partie des cinq élèves porteurs de projet choisi pour incorporer la section jeune créateur. Pendant un an, les Beaux-Arts mettent à disposition les infrastructures nécessaires à la réalisation des projets.

Stéphanie prend conscience que la porcelaine possède la propriété de translucidité. Elle dirige ses recherches de la lumière à travers la terre avec acharnement. Elle conçoit 20 œuvres destinées à l’exposition qui conclut l’année. Pour finaliser sa pièce principale, elle cherchait une structure pouvant maintenir sa création sans altérer la transparence de la matière et le résultat final. À la déchèterie, elle trouve un portant de carte postale qui va lui permettre de fixer les plaques de porcelaine et les rétroéclairer. La pièce maitresse de l’exposition trouve preneur. Cette vente lui permet d’acquérir un four, l’élément indispensable à tout céramiste.

Stéphanie crée son entreprise, les débuts sont synonymes de galères, de garages délabrés et d'endroits irrespirables. Inexorablement, elle façonne sa passion de la terre. Toutes ces années de labeur furent nécessaires pour arriver enfin à développer ses qualités et exploiter son potentiel. C’est à Marseille qu’elle ouvre son premier atelier showroom, puis un second à Montpellier, aujourd’hui elle est installée dans 250 m² à Jacou (34830).

Du processus créatif à la production

L’ambiance qui entoure le flux lumineux de la bougie a toujours fasciné Stéphanie. Elle exprime cette atmosphère à travers la porcelaine qu’elle magnifie avec le blanc chaud des Leds qui rétroéclairent la terre. Elle organise un savant équilibre entre l’ombre et la lumière. L’intimité qui se dégage de ses créations suggère la douceur, l’élégance, la beauté.

Stéphanie travaille exclusivement la porcelaine. Elle n’émaille pas les pièces qu’elle réalise. Elle sculpte chaque élément à la main, des pièces uniques qu'elle superpose dans son four pour une cuisson à 1300 degrés. L’ouverture du four, c’est le moment de vérité. Quinze jours de travail peuvent laisser apparaitre des failles, des fissures, des déchirures, des explosions, 30% de sa production va au rebut.

Les sculptures lumineuses de Stéphanie, souvent des commandes, prennent place dans des lieux prestigieux, Hôtel Château de la Gaude à Aix-en-Provence, la ferme d’Armenon à quelques kilomètres de Paris…

Elle doit ressentir chaque espace pour composer une scénographie sur mesure. Elle va à la rencontre des commanditaires pour cerner leur personnalité et découvrir les futurs emplacements. Un dialogue s’instaure autour des croquis, des échantillons de matière et du prototype.

L’éclairage n’est pas systématique dans son œuvre, ses oiseaux s’envolent dans un monde onirique d’une pureté soutenue par le blanc de la porcelaine.

www.stephanietitus.fr

Texte et photographie Rv Dols : photojournaliste@oeilpaca.fr