Entrevue avec Stromae
La notoriété virtuelle de Stromae débute avec ses leçons sur le web, « Alors on danse » confirme une célébrité fulgurante. Pendant plusieurs semaines, en Suisse, en Belgique, en Allemagne et en France, le titre caracole en tête de tous les classements, il est même pendant un temps le plus téléchargé sur les plateformes officielles.
Tu es né le 12 mars 1985 à Bruxelles d’un père Rwandais et d’une mère Belge et, si je ne fais pas d’erreur, c’est demain ton anniversaire alors, avec un jour d’avance bon anniversaire !
STROMAE: Merci beaucoup, maman est Flamande pour être précis.
Tu commences la musique à l’âge de 12 ans, dans une académie, avec les percussions. Dans les années 2000, le jeune Paul devient « Opsmastro » pour jouer du Rap avec Suspicion.
STROMAE: C’était mon nom de scène, je le transforme en Stromae par la suite parce que Mastro était trop repris par des DJ, soit électro ou peu importe. En plus je trouve que cela résonne plus modeste en verlan. Avec un ami, J.E.D.I, nous formons Suspicion, un duo. Je ne le vois pas souvent malheureusement. Il y a quelque mois, je l’ai appelé pour qu’il m’aide à faire un choix. Son avis compte beaucoup pour moi. Il m’a apporté le côté fond dans le texte. Par formation, j’étais plus dans le rythme. Ce qui m’intéresse c’est de bouger. Le goût de raconter quelque chose me vient de lui.
En 2006 tu fais une formation cinématographique de trois ans à l’INRACI.
STROMAE: Ce qui m’a permis de coréaliser mes clips vidéo. Mais à la base, quand je suis allé dans cette école, c’était pour apprendre le son. A Bruxelles, des écoles de son, juste pour le studio, cela n’existe pas. Ce qui m’a motivé, c’était de devenir assistant ou ingénieur du son en studio. Ce sont des places difficiles d’accès. Les chances de devenir perchman ou de faire le son sur des fictions sont plus grandes. Cela peut être cool aussi, mais ce n’était pas mon délire. J’ai fait deux années de préparatoire pour pouvoir accéder à l’une des deux écoles de Bruxelles et j’y suis parvenu.
En 2007 il y a le premier maxi 4 titres. Pas mal de collaborations diverses, suivi par la signature chez Because Music.
STROMAE: En 2008 je signe en édition. Je réalise des instrumentales, des arrangements, notamment pour Melissa M, Kery James, Anggun… Cela m’a permis de me nourrir et d’avoir un job étudiant plus que décent et très kiffant. En général quand tu es étudiant les jobs alimentaires se passent plus dans les fast food.
En 2009 il y a un stage chez Nrj, et je crois que c’est là que tu rencontres un responsable de la station qui programme « Alors on danse ».
STROMAE: Exactement, mais il y a aussi des potes dj qui ont poussé les morceaux. Je voulais présenter mon travail, la direction que je prenais et mon futur album avec cette fameuse leçon. Le faire en direct sur Internet était aussi à but promotionnel. Je désirais donner un aspect plus ludique, c’est clair. La première leçon en live Internet, c’est : « Alors on danse », bon il y avait quelques vendus dans la salle, puisque c’étaient des amis. Sinon je faisais vraiment découvrir les morceaux dans cette configuration.
Tu as l’air optimiste.
STROMAE: Il est vrai que du passé je me souviens que des choses positives. Finalement je ne suis pas si pessimiste que cela. Les mauvais souvenirs je les évacue. Ce que je garde en tête, ce sont les meilleurs moments, et les meilleurs moments sont aussi quelque fois les plus inaccessibles. Il n’y a pas si longtemps quelqu’un m’a dit « On devient ce qu’on pense et ce qu’on imagine », je me reconnais dans ces mots.
Pourquoi de la musique avec une atmosphère noire, sur de la danse.
STROMAE: Il y a une façon de voir les choses qui est plutôt noire, dans cet album là. Il y a le côté la vie est dure, mais nous avons tendance à l’apprendre sur de la danse. Alors on danse, on fait la fête en attendant. Voir le futur de manière négative c’est une évidence pour moi et une philosophie de vie. C’est la seule leçon que je pourrai donner.
Si j’ai bien compris, avant la sortie de « Cheese » tu n’avais pas fait de scène. C’est paradoxal, car en France les artistes tournent avant d’enregistrer un premier album.
STROMAE: Par le passé, j’avais déjà pris un micro et je m’étais déjà adressé à la foule. Il est vrai que c’était 20 minutes en club et divertissement à fond. Le but est d’envoyer un maximum. C’est aussi une école. La scène configuration comme aujourd’hui, avec une équipe pendant un set de plus d’une heure, la première fois ce fut après l’enregistrement de Cheese. Jouer avec des musicos il n’y a rien à voir, j’avais hâte et j’appréhendais beaucoup. Finalement cela se passe plutôt bien.
Propos recueillis par Rv Dols / rv.dols@oeilpaca.fr